Au fil de l'encre
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Teren Hir
Teren Hir
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Le Condamné Empty Le Condamné

Lun 13 Aoû 2018 - 20:35
Jacques avait la sensation qu'il avait été un homme bon, et qu'il serait un bon souvenir.
A l'aube de sa pendaison, il en était là dans sa réflexion, alors qu'il attendait son supplice.
Il guettait l'entrée de son bourreau. Il songeait au visage de Marie, pour ne pas l'oublier, pour que le dernier visage qu'il admire soit le sien, pour que sa dernière vision ne soit pas laide.
La mort, encagoulée de noir, le visage masqué pour qu'on la reconnaisse, allait bientôt ouvrir sa cellule, avant de lui donner le papier à lettre qui boirait ses mémoires.
Il entendait le bruit de ses bottes s'approcher, il lui semblait même percevoir le bruit de la faux fantomatique qui avait emmené bien des ancêtres.
Ses pensées revinrent à Marie, si frêle, si belle, si jeune. De sa vie, jamais il n'avait vu plus jolie fillette, plus gracieuse jeune fille, plus belle femme. Il se consolait de jamais en voir, se mourait de ne plus la revoir. Jacques n'avait jamais eu de femme, mais il avait eu Marie. Et aux dernières heures de sa dernière nuit, jamais elle ne lui avait apparue si tendre.
L'enfant lui semblait si loin, maintenant qu'elle était devenue la belle dame qu'il lui fallait quitter.
Il l'avait élevée en père, idolâtrée en homme, aimée à la folie.
Mais alors que ses yeux devenaient humides de l'émotion qui l'emplissait devant le portrait que lui en donnait son esprit, sa rêverie fut brisée par l'irruption des tortionnaires, brusque rappel à la réalité de sa peine. Alors qu'on lui énonçait les derniers droits des condamnés, Jacques avait saisi de sa main droite le mauvais papier qu'on lui tendait, afin qu'il puisse y transcrire les quelques mots qui lui survivraient. La main tremblante, il y inscrivit de son écriture gauche la dernière lettre qu'il destinait à Marie.
Il lui rappela son amour tendre, lui décrivit ses états d'âme, lui dit de vivre bien. Voyant les premières lueurs, c'est ainsi qu'il finit sa lettre :

Rappelle-toi, Marie, que je t'ai enseigné tout ce que la vie m'a appris, et que j'aurais aimé t'apprendre encore.
Souviens-toi de ce dont le monde est fait, de ceux qui le façonnent et de ceux qui le défont.
Mais retiens surtout Marie, que tu es seule maître à bord.
Aies la vie que tu entends mener, et soit heureuse.
Mon ange, ton père t'aime pour toujours. Jacques.

Alors, les yeux baignés des larmes d'adieu, le menton haut et fier, il se redressa pour admirer le lever du soleil. Plus tard, la mort, Jacques se l'est donnée, poussant lui-même le tabouret où l'on l'avait contraint de monter la corde au cou, s’empêchant de partir sous l'emprise de ses bourreaux.

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Le but de tout écrivain est de faire ressentir. N'hésitez surtout pas à me dire ce que produisent mes textes sur vous, et à me donner votre avis, quel qu'il soit.
A bientôt,

Teren Hir.
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